À 25 kilomètres au Nord-Ouest de Nantes, une commune, nommée Notre-Dame-des-Landes, fait la Une des journaux régionaux et nationaux depuis 55 ans à propos d’un projet de construction d’un aéroport, “l’Aéroport du Grand Ouest”. Ce projet a pour but de remplacer l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique et est envisagé depuis 1963. Problème : Avec toutes les contraintes économiques et écologiques, le projet a pris une tournure politique.

Le PS, les LR et le Parti Communiste sont favorables à la construction, inversement les EELV, la FI et le FN ainsi que les syndicats CGT et SUD sont défavorables. C’est aujourd’hui une affaire d’État, très largement médiatisée.

Le projet de l’Aéroport du Grand Ouest, de 1963 à hier

En 1963, les premières métropoles d’équilibres sont créées. Ce sont des villes destinées à jouer un rôle dans l’aménagement du territoire français, et parmi elles se trouve Nantes. Ainsi est né l’initiative du projet de l’Aéroport du Grand Ouest. En 1968, la situation géographique du site de Notre-Dame-des-Landes permet à cette commune d’être choisie comme site préférentiel. « La métropole Nantes-Saint-Nazaire pourrait devenir le Rotterdam aérien de l’Europe par la création d’un aéroport international de fret au nord de la Loire » déclare alors le sénateur Michel Chauty, en 1970. En 1972, l’Association de défense des exploitants concernés par l’aéroport (ADECA) stoppe le projet. 

30 ans plus tard, en octobre 2000, le projet est réactivé, et ce, sous le gouvernement Jospin. En avril 2007, un rapport reconnaissant l’utilité publique du projet est remis au préfet de la région Pays-de-la-Loire. En fin 2007, la construction de l’aéroport est confirmée. Le 31 juillet 2009 et le 27 janvier 2010, le Conseil d’État confirme l’utilité publique de l’aéroport. En 2010, l’appel d’offres pour “la conception, le financement, la construction et l’exploitation” de l’Aéroport du Grand Ouest est remporté par le groupe Vinci. Un an plus tard, la superficie de l’aéroport est réduite par l’État de moitié, c’est à dire 730 hectares. Après le rejet des recours environnementaux déposés par les opposants, la préfecture de Loire-Atlantique annonce la reprise des travaux pour 2016.

Le 26 juin 2016, les habitants de la Loire-Atlantique sont appelés à voter, en répondant à la question “Êtes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des- Landes ?” Selon les résultats officiels, le “oui” l’emporte à 55,17 %, contre 44,83 % pour le “non”. Problème : les communes directement concernées ont voté majoritairement le “non”. Les travaux seront relancés dans l’automne 2016. Le 14 novembre, la cour administrative d’appel de Nantes valide les arrêtés autorisant les travaux.

Le 1er juin 2017, le gouvernement nomme Gérard Feldzer (ancien pilote de ligne), Michel Badré (ancien ingénieur) et Anne Boquet (préfète) comme médiateurs. Ils auront comme responsabilités de trouver une solution dans le dossier. La rapport des médiateurs est remis le 13 décembre 2017 au premier ministre Édouard Philippe. Deux options “raisonnablement envisageables” sont retenues : premièrement, que l’aéroport se maintienne à Notre-Dame-des-Landes, ou que, deuxièmement, l’aéroport Nantes-Atlantique soit réaménagé. La décision gouvernementale était attendue au plus tard à la fin de Janvier 2018.

17 janvier : clap de fin

Je constate aujourd’hui que les conditions ne sont pas réunies pour mener à bien le projet Notre-Dames-des-Landes […] un tel projet ne peut se faire dans un contexte exacerbé d’opposition entre deux parties de la population” a déclaré le premier ministre Édouard Philippe, à l’issue du Conseil des ministres. “Le projet de Notre-Dames-des-Landes sera donc abandonné” a conclu le chef du gouvernement.

En contre partie, Philippe annonce que l’aéroport de Nantes-Atlantique sera réaménagé : “L’aérogare sera modernisé, les abords de pistes réaménagés […] une procédure pour l’allongement de la piste sera engagée pour réduire les nuisances sonores à Nantes“.

 

Ainsi se conclut l’une des plus grandes affaires françaises, qui aura directement liée et opposée politiciens, agriculteurs et policiers et ainsi passionnée la France et les français pendant plus de six décennies.