Fortement consciente depuis las plusieurs années de son impact sur les émissions de CO2 à l’échelle planétaire, l’industrie du transport aérien a mis en place assez tôt des mécanismes de compensation des émissions de carbone, qui s’ajoutent au système européen. Initialement basée sur le volontariat des passagers et leur désir de compenser leur propre vol, l’initiative est montée d’un niveau et les compagnies aériennes commencent à s’engager elles-mêmes dans la compensation de leurs émissions. Air France et British Airways ont ouvert le bal ce mois-ci, en octobre.
• Un nouveau système mis en place
Dès aujourd’hui, les passagers désireux de compenser les émissions de carbone de leur déplacement en avion ont la possibilité de le faire après leur réservation, grâce à des solutions proposées sur le site de la compagnie aérienne auprès de laquelle ils avaient réservé leur vol. En entrant l’origine et la destination de leur voyage dans un outil du site web, les émissions de CO2 émises sont calculées ainsi que le montant à investir pour compenser. Le don est ensuite redistribué à des organismes partenaires pour replanter des arbres ou investir dans des énergies renouvelables.
De nombreuses compagnies aériennes ont mis en place de tels systèmes, qui se sont particulièrement développés autour de 2007 : Transavia travaille avec l’ONG Greenseat, qui permet à des foyers de pays en voie de développement d’accéder à une énergie durable, Lufthansa est associée à la société suisse myclimate, British Airways à Pure Leapfrog, Air France à Trip and Tree… Basés sur le volontariat et pas assez mis en valeur, ces outils ne sont toutefois pas très utilisés.
Par ailleurs, certaines compagnies sont déjà allées plus loin. La compagnie scandinave estime compenser ainsi 40% des émissions de CO2 de ses appareils. Finnair vient quant à elle d’élargir son programme « Push for change » pour y inclure, à la demande des ses passagers, d’autres partenariats au niveau plus local, l’un avec Compensate qui aide les consommateurs à vivre de façon neutre pour le climat dans leur vie quotidienne et l’autre avec Snowchange Cooperative, une organisation scientifique et de conservation de la nature par la restauration des espaces naturels et le retour de la faune sauvage. La compagnie propose aussi d’acheter du biocarburant pour son vol.
• Une compagnie française qui s’est démarquée
Le 1er octobre, c’est Air France qui a lancé une initiative inédite, celle de compenser « proactivement » toutes les émissions de CO2 de ses vols domestiques à partir du 1er janvier. La compagnie souhaite ainsi « proposer à tous [ses] clients un voyage neutre en carbone en France ». Une façon de lutter contre les détracteurs de l’avion. Là encore, cette compensation prendra la forme de participation à des projets certifiés en faveur de l’environnement et des énergies durables. La compagnie précise que cela représente 450 vols et 57 000 voyageurs par jour.
Solution facile à court terme, cette méthode reste cependant insuffisante. « Les compensations de carbone sont utiles tant que les infrastructures et l’industrie continuent à effectuer leur transition vers une mobilité électrique, des énergies alternatives et de nouvelles technologies nécessaires à des modes de vie sobres et neutres en carbone », estime ONU Environnement. Si la protection des forêts et le reboisement sont essentiels et font partie de la solution, les arbres plantés ne pousseront pas assez rapidement pour soutenir les objectifs mondiaux de réduction carbone et ne suffiront pas si les modes de production n’évoluent pas. Un constat qui s’applique aussi à l’échelle du secteur du transport aérien.